Assemblée nationale : Le jeu flou du député Eloi Aho

Le ridicule finira par tuer un jour au Bénin. L’honorable député Eloi Aho, élu sur la liste du Chef de l’Etat dans la 23ème circonscription électorale, a lâché les Fcbe pour rejoindre l’opposition parlementaire.

Ce changement inattendu est intervenu dans le cadre de la reconfiguration des groupes parlementaires. Par ce geste, l’homme d’affaires d’Abomey a permis à G4, G13 et Force clé de renforcer leur présence à l’Assemblée nationale, avec la création de leur cinquième groupe parlementaire dénommé "Sursaut Patriotique" composé des députés Valentin Houdé, Jude Lodjou, Sacca Fikara, Eloi Aho, Antoine N’Da, Adrien Houngbédji, Lazare Sèhouéto, Eric Houndété et Désiré Vodonou.
Comme une traînée de poudre, la nouvelle fait déjà le tour du pays. Incroyable, mais vrai. Eloi Aho a effectivement driblé son camp en allant grossir le nombre de députés hostiles au régime du changement. Depuis l’annonce de cette nouvelle, certains Béninois n’arrivent pas à déceler les vraies raisons qui sous-tendent ce retournement spectaculaire de veste. C’est vrai que l’intéressé a tenté de justifier son choix, mais n’a pas convaincu.
Les arguments fallacieux qu’il a avancés sont très loin de convaincre plus d’un de ses compatriotes. « Je n’ai pas démissionné de la Fcbe. Je suis toujours dans la mouvance présidentielle. En allant dans un autre groupe parlementaire, c’est juste pour être plus à l’aise. Encore que mon collègue Valentin Houdé qui m’a sollicité est un ami de vielle date », a-t-il indiqué suite aux informations distillées par la presse hier.
Si tous les députés Fcbe décident de rendre service à leurs amis d’en face, que deviendrait alors l’Alliance ? C’est désormais clair que Eloi Aho a manqué d’arguments pour se justifier. Et il ne peut en être autrement lorsqu’on analyse la situation politique en cours au parlement. Dans un pays démocratique comme le nôtre, soit on est avec le pouvoir en place ou soit on est contre lui.
Eloi Aho a été élu grâce au Dr Boni Boni qui l’a imposé dans le gotha politique de sa région. Pour aucune raison, il ne devrait le quitter. En basculant dans l’opposition parlementaire, il a ainsi trahi ses collègues Fcbe. Et à partir de ce moment, il doit se taire pour ne pas attirer la colère de ses électeurs.
En voulant s’asseoir sur deux chaises, puisqu’il dit qu’il n’a pas quitté les Fcbe et au même moment il est avec les bourreaux de Nago, il risque, à terme, de ternir son image de marque. C’est vrai qu’en politique, la morale et la conviction n’ont pas leur place, mais cela ne devrait pas expliquer son attitude.
C’est un jeu flou et dangereux de sa part de tenter de tromper la vigilance du Chef de l’Etat en lui faisant croire qu’il reste et demeure avec lui. S’il n’est jamais tard pour bien faire, Eloi Aho peut encore renverser la tendance, pendant qu’il est encore temps.

Léonce HOUNGBADJI